Le métier de voiturier

Erick FANTIN Par Le 04/04/2019 0

Dans Gardons la mémoire intacte !


Ces batteurs de route !
Ah ! fallait voir comme ils étaient fiers sur le grand chemin, tanguant du dos,
réglant leur pas à l'allure des bêtes, une main aux guides, l'autre au fouet, avec la blouse bleue,
le pantalon de velours, le grand béret noir, la limousine au vent, les hautes guêtres aux jambes,
tantôt criant " Hi ", tantôt criant " Rroaou ".
Quand la route était luisante, que le voyage allait bien, que les roues claquaient ferme,
ils chantaient au pas des bêtes et au tintement des grelots, la chanson des rouliers. 

 

EscandeA g: Escande Paul, au centre: Escande Jean-Louis enfant, à d: Oustric Louis, grand père de Jacqueline Guiraud
 

Et pourtant le travail était dur.
Il fallait partir le soir à dix heures, rouler toute la nuit, aller livrer le chargement
à Carcassonne ou aux villages de la plaine, pour ne revenir que le surlendemain,
à trois ou quatre heures du matin.
Et encore c'était souvent le cheval qui les ramenait.
Il fallait sept heures, à raison de quatre kilomètres à l'heure en moyenne,
pour effectuer le trajet Lacombe-Carcassonne.
Les voituriers étaient fiers de leurs chevaux et de leur harnachement :
"cal saber plan vestir un chabal que ba merita"," il faut savoir bien harnacher un cheval qui le mérite".
Fallait voir comment ils astiquaient le reculement - ensembles des avaloirs, croupières, culeron et courroies-
qui avec les chaines liaient le cheval aux brancards.
Il y avait aussi l'énorme "bastet" de trente à quarante kilos qui semblait écraser les reins du cheval ;
avec la sellette, la dossière et la sous ventrière.
Les Coumbols se procuraient leurs chevaux à Carcassonne ou à Castres.
En général ils achetaient des poulains de six mois qu'ils dressaient pour les revendre.
L'élevage était facile, car l'herbe ne manquait pas et les prairies montagnoles donnaient force et santé.
Un fameux dresseur ce Causse qui acheta un jour un cheval promis à la boucherie,
car personne ne pouvait l'approcher.
Il l'attela avec difficulté à sa charrette et lui fit faire sans arrêt le chemin de Carcassonne à Lacombe.
Le cheval fit cela sans faiblir pendant huit jours, se calma et resta désormais tranquille.
Ce Causse voyageait seul avec deux voitures,
mais les autres voituriers voyageaient en couples, l'équipe Labo-Matou une paire célèbre dans la Montagne ;
il y avait aussi l'équipe Phalip et Félix et bien d'autre encore.
Ils rencontraient les attelages de Saissac, conduits par Pamparo, et, Richet de la Croix, et les célèbres vaches de Jeanti d'Arfons.
Ce Jeanti était parti à minuit pour aller chercher à Carcassonne douze hectolitres de vin destinés à Monsieur Cassant.
Prenant le temps de charger le vin et de faire manger les vaches,
il était de retour à Arfons à minuit, le tout pour quinze francs.
Il avait gagné le pari de cinquante sous contre un limouxin dont les chevaux réputés n'avaient pu distancer ses vaches. J Michel.

A Saissac,
Paul Escande dit "Poulou", partait lui le lundi matin direction Lézignan
avec la charette remplie de foins et tirée par ... des boeufs.
S'arrêtant tous les soirs dans des auberges étapes,
il lui fallait trois jours pour y arriver et trois jours pour revenir, le temps de re-remplir et ...
La plupart du temps, le retour se faisait sans chauffeur,
Poulou dormant sous la charette entre les essieux, les boeufs connaissant la route étaient les "patrons".

 

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