Souvenirs de Jean Bousquet et Nathalie Séverac
Jacques Coux ,le père de Rosalie, habitait au Colombier bas à Saissac.
Tout jeune, vers 1825, il venait voir sa fiancée Jeanne Outric qui résidait à Picou.
Dès qu'il quittait le Colombier, un loup le suivait. Jacques était persuadé qu'il s'agissait toujours le méme.
Cela se répétait tous les soirs. Jacques n'en était pas rassuré pour autant, aussi quand il arrivait à Bouriac (aujourd'hui détruit)
il aurait pu couper tout droit mais il préférait passer par Garric et Saigne Villemagne.
De là il se dirigeait vers Saissac et avant d'arriver à Escourrou, le loup le quittait pour le rejoindre vers Pratmoulis.
Arrivé sur le plateau des Roques, Jacques prenait le chemin du plateau (appelé Chemin vert) qui allait à Massillargues.
Tout le plateau était défriché ou presque, le passage le plus dangereux était la traversée de la gorge du Lampy.
Le sentier passait au dessus de la cascade du saut de Barret.
L'aller était relativement facile, mais au retour, quand Jacques quittait le Colombier, la nuit était tombée.
Il arrivait à Picou tard, souvent après minuit. Après Picou, le chemin s'enfonçait dans l'obscurité de la gorge.
Jacque redoublait de prudence, surtout pour franchir le ruisseau, sur un arbre.
Il racontait à grand père Jeannou, lorsqu'il devint son beau fils,
qu'il avait pris quelques habitudes particulières au cours de ces sorties nocturnes.
Par exemple, il s'adossait à un arbre pour faire pipi et non le contraire. Un besoin plus important devait se satisfaire
à découvert dans un champ, ou dans un prè, à plusieurs enjambées du bord.
Jacques pensait avoir affaire à un loup solitaire qui vivait dans les alentours du Colombier ou du bois de Nuc.
Il était toujours seul. Le choix du passage vers le village de Saissac, l'éloignait d'Esquino d'Azé,
cette longue colline à l'ouest de la ferme de Garric, qui se continue jusqu'à Vialade.
Elle n'était pas défrichée en ce temps là, mais recouverte de broussailles et d'épines noires.
Ce fut le dernier repaire des loups dans le Saissagais.
Par vent du nord, lorsqu'il arrivait à Bouriac en particulier, il entendait le long hurlement des loups,
au loin sur Esquino d'Azé et il croyait que celui qui le suivait était muet.
Jean Michel