2009 - Saissac: un trésor de village

Erick FANTIN Par Le 28/06/2016 0

Dans Le vieux village

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Porte d'entrée des sites pôles du pays Cathare à l'ouest audois, Saissac et son château sont un trésor de village. Le détour ne vaut pas que pour les tours, qui sont ce qu'elles sont, c'est à dire souvent pour des édifices vieux de plus d'un millier d'années un peu ruinées, mais déjà pour la balade parce que le site est magnifique, quoique peu accessible en fauteuil roulant, en poussette ou en talons aiguilles. Ensuite parce qu'en fait de trésor, Saissac en possède un, véritablement: 1954 deniers et 3 oboles frappés du sceau royal, découverts en 1979 à la faveur de la construction d'un village-vacances sur les côteaux du village, vendus clandestinement à Toulouse, rachetés après une décision de justice, volés en 1995 mais finalement récupérés pour être aujourd'hui entreposés dans un coffre de la Caisse d'Epargne à Castelnaudary. Une issue heureuse que l'on doit à la combativité du regretté maire et conseiller général Paul Durand, décédé à la fin février, et sans qui ces lignes n'auraient pas de sens.


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Qui dit trésor promet fortune, certes, et le château, creusé à l'explosif par des «chercheurs d'or» au 19e siècle, s'en souvient. Sauf qu'ici ce n'est pas tant la valeur du lot qui compte, tout juste de quoi se payer un troupeau de brebis en 1250, mais le passionnant volet de connaissances qu'il a ouvert aux historiens. Ces monnaies datent en effet d'un moment charnière dans l'histoire de France, à la toute fin de la croisade des Albigeois, témoignant de la volonté de main-mise de l'administration capétienne centrale sur la région du Languedoc. Un savoir qui est rendu depuis hier au peuple saissagois, audois et d'ailleurs (16 000 visiteurs au château en 2008), avec l'inauguration par le nouveau maire Odile Seigné d'une Muséographie du Trésor de Saissac. Deux salles, haute et basse, ont été restaurées et aménagées en un temps record, à peine un an entre leur conception par l'architecte-scénographe Henri Rouvière, l'ouverture du chantier à la Noël 2008, et leur réalisation dans une aile du château. Coût: 448 000 euros, financés à 50% par le conseil général, 30% par le conseil régional, et 20% par un emprunt communal. Dans une première partie, dix vitrines très ludiques et tout à fait originales, complétées par un clip dans lequel ont figuré les habitants du village, servent de mise en bouche. Au sous -sol, le musée proprement dit s'appuie sur une exposition complète, à la fois pédagogique, didactique etsuffisamment facile d'accès pour intéresser toute la famille, organisée en trois séquences: comment on fabriquait la monnaie, comment on la gérait, et comment on la dépensait. C'est là le vrai trésor, de nous porter dans un quotidien vieux de plusieurs siècles, comme si on y était. Et de nous apprendre, entre autres, qu'un litre de vin de l'époque valait... 2 deniers. Rapporté à nos jours, le chiffre n'est pas si relatif.

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